Avis de décès de Monsieur Ernest DEBRAS

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Monsieur Ernest DEBRAS

Né à Guéblange-lès-Dieuze le jeudi 14 mai 1914

Décédé à Nancy le dimanche 31 août 2008 à l'âge de 94 ans

Domicilié à Laxou

Image Annonce nécrologique

Sylvie DebrasHommage

Mon si cher Papa,
Tu n’es pas devenu soudain, d’un coup de goupillon magique, le bienveillant patriarche des contes de fées. Notre vie de famille a souvent été turbulente ! Mais comme l’a écrit ta petite-fille Ariane, « malgré tout, nous l’aimions et il nous aimait. Il restera gravé dans chacune de nos cellules. » Rien n’est plus vrai. Ce que nous voudrions garder de toi, c’est un peu de tes extraordinaires qualités.
D’abord, ton formidable appétit de vivre ! Que tu as gardé, malgré les deuils tragiques de ceux que tu as tant aimé. Celui de ta première femme et de votre enfant à naître. Celui de ton fils, Francis, notre frère unique et merveilleux. Mais la vie a continué et tu as su profiter de tous ses présents. Car tu avais une sacrée vitalité. « Une vraie force de la nature » selon Alice.
Nous voudrions garder de toi ton intelligence et ton courage. Tu avais « la religion du travail » pour reprendre tes mots. C’est à vélo que tu as commencé tes tournées. Parti de rien, tu t’es taillé une belle place au soleil. Tu avais le sens des affaires. Mais tu n’as jamais été un requin. Nous avons souvent parlé ensemble de ta politique du « gagnant-gagnant », même si le terme n’existait pas encore. Dans tes transactions, même si tu as beaucoup gagné, tu ne voulais pas de perdant. C’est pourquoi tes partenaires professionnels t’ont toujours tenu dans une profonde estime.
Battant dans l’âme, tu as été un vrai résistant ! C’est « tout naturellement », disais-tu, que tu es entré dans l’armée secrète en 1939-1945, parce que tu avais entendu l’appel du Général de Gaulle et que tu croyais profondément en la France, bien que de langue maternelle allemande à cause de l’histoire tourmentée de la Lorraine. Cela t’a valu la Légion d’Honneur à titre militaire, dont tu étais fier. Après avoir été agent de renseignement au deuxième bureau – un agent secret rusé et débrouillard, comme dans les films – tu as préféré quitter l’armée plutôt que d’être envoyé dans les colonies françaises. Tu croyais au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Et tu n’as pas voulu être en désaccord avec tes propres convictions.
Nous voulons aussi parler de ta générosité. Parce que tu ne savais pas nous dire combien tu nous aimais, tu nous offrais des cadeaux. C’est dire si nous avons été gâtés ! Tu étais l’homme à qui l’on peut demander un service. Tu n’as ménagé ni ton porte-monnaie ni ta peine pour aider ceux qui en avaient besoin, proches ou pas.
Et puis, tu nous as transmis le goût du beau, que tu as exercé et travaillé tout au long de ta vie. Chacune et chacun d’entre nous, tes descendants, a une corde artistique à son arc, à commencer par Isabelle, la maîtresse du verre, et moi qui ai le goût du « bel écrire » selon ton expression. Tu écrivais avec bonheur, mêlant poésie et ironie.
La liste de tes qualités est longue encore, mais nous choisissons de terminer par ton ouverture sur le monde et ton goût des voyages. Il vient de loin, celui-là. Quand tu avais une douzaine d’années, tes excellents résultats à un concours général t’ont valu une récompense incroyable pour l’époque : une croisière sur la Méditerranée ! Dans les années 1920, le « fils de paysans » du Val de Guéblange s’est donc embarqué, avec quelques gamins brillants comme lui, sur un bateau de marchandises pour Malte, la Tunisie, la Grèce… Ton regard sur le monde en a été profondément changé. Le nôtre aussi.
Pour ta dernière partance, tu as choisi ton heure. Celle où la vie n’avait plus le goût que tu aimais. A la clinique de Gentilly, une jeune infirmière t’a fait un dernier compliment sur tes beaux yeux. Puis, tu as accepté de partir, sans angoisse, avec ton sens de l’humour intact. Entouré des tiens, tu es mort en pacha, comme tu as vécu. Pour seul bagage, tu emportes tout notre amour qui t’aidera, je l’espère, à t’élever vers le ciel où tu voulais aller.
Laxou, 4/09/2008

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