Jean-Alain PESSONTémoignage
Jean-Michel,
Voilà déjà douze années que le hasard a voulu réunir nos routes.
Nos coeurs étaient à la dérive. Nous nous sommes trouvés pour panser nos blessures.
Quand tu m'as recueilli j'étais au bord du gouffre. Tu as donné un sens à ma vie.
Tu as été le père que je n'ai pas eu. Tu m'as aidé à vivre et à me construire.
Tu as été l'ami qui me manquait. Tu m'as donné toute ta tendresse et comblé ma solitude.
Tu as été toute ma vie.
Nous nous sommes connus comme aujourd’hui, un jour de printemps.
Nous voulions alors croire que vivre pouvait encore avoir un sens.
Toutes ces années de bonheur, je les garde gravées à jamais au fond de mon cœur.
Et puis le temps et la maladie ont obscurci nos vies.
Depuis plusieurs années régnait un hiver sans joie,
Les séjours à l’hôpital devenaient de plus en plus fréquents,
Et malgré toute l’attention, le dévouement et la présence chaleureuse des personnels soignants,
Nous vivions alors entre extrême solitude et désespoir.
L’affection que je te portais était toujours là.
Mais si j'étais à tes côtés, les mots ne me venaient plus .
De nos belles années restait le souvenir
L'espoir m'abandonnait, avec notre avenir...
Il est des blessures que le temps ne peut cicatriser,
Des maux si profonds dont on ne peut guérir.
Ton corps martyrisé était au bout du voyage,
Et mon coeur désorienté perdait son ancrage.
Ces derniers mois où ton corps t’abandonnait, où ton esprit vacillait,
Nous les avons vécus dans la souffrance et la solitude,
Et puis ces dernières semaines, toute l’assistance et le réconfort, l’écoute de l’équipe des soins palliatifs, de l’hospitalisation à domicile, nous ont donné le temps de nous retrouver et d’accepter qu’il faudrait bientôt nous dire adieu.
Je t'ai accompagné jusqu'à ton dernier souffle.
Les mots que j’ai pu trouver ont semblé te rassurer.
Tu n'as pas eu peur, j’ai retenu mes pleurs.
Quand tu t'es endormi, je te tenais la main.
L’hiver s’est achevé et c’est seulement maintenant,
devant ton corps sans vie, que je te dis "je t'aime".
Pardonne-moi.
Jean-Michel, tu n'es pas mort…
Tu respires en moi. Mon sang est le tien .
Bientôt le jour viendra où je te quitterai plus.
Par delà l'espace et le temps,
En moi tu resteras toujours présent
Dans mon coeur je te vois,
Et je pleure de joie
C'est pour toi que je vivrai. Toute ma vie.